12 Novembre 2024 - Matin
Je me suis levée tôt. Plus tôt que d'habitude. J'oscille entre point de croix et jeux vidéos.
Vers 10h30, je me dis qu'il est bien temps de faire un peu de ménage.
J'ai RDV avec M. en ligne pour jouer en début d'après-midi. Une fois débarrassée des corvées, je serai tranquille et je pourrai jouer tout mon soûl.
Je mets la vidéo que je regardais en suspens. Je dépose Ko., qui était sur mes genoux, sur mon siège. Elle râle, mais c'est comme d'habitude.
Je suis dans la cuisine. Il fait étrangement beau pour ce mois de Novembre. Aujourd'hui, il y a un soleil magnifique qui nous ferait presque croire que la réputation du Pas-de-Calais n'est pas méritée.
Je m'attaque à la vaisselle et vois Ko. filer à toute vitesse sous le placard de l'évier. On pourrait trouver ça étrange, mais il n'est pas anormal qu'elle se bagarre avec l'un des trois autres.
Au fond de moi, je trouve qu'il y a tout de même quelques chose "d'urgent" dans sa façon de s'enfuir, mais je n'y prends pas garde.
Soudain, venant de nulle part, j'entends comme une explosion. Petite, mais pas si lointaine. A l'étage ? Soudain, j'ai peur. De façon viscérale. Soudain, je SAIS que quelque chose ne va pas.
Je me précipite en haut, je sens une odeur étrange. Piquante. Suffocante. Sur l'instant, je ne veux pas comprendre ce que je sens. J'arrive devant la pièce nous servant de bureau. Et ce qui se trouve devant moi me glace d'effroi. Ou plutôt, me carbonise d'effroi.
La suite ne durera que quelques minutes. Je l'ai vécue durant une éternité.
La pièce est entièrement enfumée. D'une fumée noire. Âcre. Dense.
Des flammes s'élèvent de mon bureau. Je suis figée.
Dans les quelques secondes qui suivent, durant lesquelles je reste statique dans l'embrasure de la porte, je me dis :
- Putain. Y a le feu.
- Putain. Je peux pas respirer.
- Je dois appeler les pompiers.
- Merde. Mon portable est sur le bureau.
- Il faut que j'ouvre la fenêtre.
- OU SONT TOUS MES CHATS ?!
J'essaie, par inconscience, d'aller chercher mon téléphone. Les deux pas faits dans la pièce me projettent dans les Enfers. La chaleur est absolument intolérable. La vision est nulle. La respiration : impossible.
Je rebrousse chemin.
Ni une ni deux, encore habillée de mon pyjama en pilou-pilou et de mes chaussettes de Noël, je sors. Je jette des regards alentour. Qui aller voir ? Qui peut m'aider ?
Je trouve ma voisine sur sa place de parking. Je pourrais dire, dans un élan de pudeur que je me suis avancée vers elle, peut-être précipitée. Non. Je me jette dans ses bras, je lui hurle d'appeler les pompiers sans lui donner la moindre explication. Je la prends par les bras. Je halète quelques explications entrecoupées de sanglots.
Je pleurs. Je tremble. Je me répète.
Elle a compris. Tout de suite. Elle réagit au quart de tour. Je me laisse entièrement aller à ma panique. J'ai du mal à respirer mais ce n'est pas la fumée. Je ne réfléchis pas de façon cohérente. Je pense à mes chats. Je pense que je suis en pyjama. Je pense à mes chats. Je pense que je vais me faire gronder pour avoir laisser le feu démarrer.
Je suis ramenée à la réalité par ma voisine. Elle est calme. Me demande si je vais bien. Me demande comment vont mes chats. Je dis que je ne sais pas. Je dis que j'ai peur.
Les pompiers arrivent. Enfin.
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