17 Avril 2025

R. tourne autour du pot.

J'ai toujours du mal à avoir des informations de sa part. Il faut toujours que je le relance, que je creuse, mais il me dit toujours quand il rentre. A quelle heure, etc..
Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Il tergiverse. Ca m'est proprement insupportable.

Je termine les cartons pour le déménagement.
On part demain. Dans quelles conditions ? Je ne sais pas encore.

La journée se passe et je finis par me réfugier chez mes parents. R. ne me dit pas quand il doit rentrer et je lui ai dit que je ne viendrai pas le chercher. Je ne supporte plus cette attente, seule chez moi, avec juste les chachats.


Je décide de rentrer chez moi. On est en début de soirée.
Le karma veut que j'arrive pile au moment où une amie dépose R. à la maison.
C'est l'heure de la confrontation.

Je m'attends, une fois à l'intérieur, qu'il s'excuse, se justifie, fulmine, peut-être.
Non.
Il est là, planté devant moi.
Avec le contre-jour, il ressemble à un méchant d'une série Z, prêt à m'exposer son plan diabolique pour éradiquer l'humanité. Il refuse de s'assoir.

Je commence. Je pose des questions. Je m'embrouille.
Je souffre et je perds le fil de mes pensées. 

Il finit par m'invectiver. Je l'ai bridé. Empêché de réaliser ses rêves. Rêves dont il ne m'a jamais parlé explicitement. Rêves que j'ignorais.
J'ai toujours dû creuser pour connaître R. J'ai toujours dû creuser pour avoir des infos.
Il me reproche aujourd'hui de ne pas avoir compris en quoi consister ses rêves.
Je m'offusque. Comment aurais-je pu deviner ? Sans qu'il me dise quoi que ce soit ? 

J'essaie de proposer des solutions pour notre couple.
J'aime cet homme. Ces derniers temps, je n'ai pas été démonstrative, mais je l'aime.
Ca fait un moment que je pense qu'après R. il n'y aura plus personne. Parce que c'est lui.

Il n'a que des contre-solutions.
Plus il me contre, plus j'entrevois ce qu'il essaie de dire, de faire. Et plus j'ai peur.
J'ai peur de comprendre. 

Je lui dis que s'il a pris une décision, il doit l'assumer. Que je ne le ferai pas à sa place.
Que je me refuse à lui faire cette faveur. S'il a une idée en tête, il assume.

"Je veux qu'on se sépare".

Ces mots, prononcés par l'homme que j'aime, me tétanisent.
J'avais commencé à entrapercevoir cette éventualité : par ses réactions, ses messages, etc...
Mais j'avais mis ça sur le compte de ma paranoïa, ça a toujours été un défaut chez moi.

"Je veux qu'on se sépare".

Il fait très vite machine arrière, me dit qu'on peut, qu'on va en discuter. Mais il a prononcé ces mots.
Je le connais, s'il les a dit, il les a pensés. C'est fini.

On m'aurait tabassée que ça aurait été la même chose.

Un creux se forme dans ma poitrine, qui à l'heure où j'écris ne m'a pas quittée.
Je pleure, évidemment. Mais j'essaie d'être digne, donc je fais ça le plus silencieusement possible.
Je lui demande quelques minutes pour réfléchir.

Demain, les déménageurs arrivent à 7h. 
Ils sont censés prendre nos affaires pour qu'on quitte cette région, et qu'on recommence une nouvelle vie.
Cette optique n'existe plus. 
J'ai fait les cartons en mélangeant nos affaires. Evidemment, je ne pouvais pas me douter que je devrais tout séparer. Je ne l'ai jamais envisagé.

Il me faut à peine quelques minutes pour lui dire de prendre du scotch et une paire de ciseaux, et qu'on va trier les cartons. Ce soir, à plus de 19h, soit moins de 12 heures avant "notre" déménagement.

J'ai prévenu Ch. que R. venait de me quitter. Elle nous rejoint.
Le pire, c'est qu'elle reste pour filer un coup de main.
Est-ce que R. est mal à l'aise de cette situation ? Je m'en contrefous. Je suis heureuse qu'elle soit là.

On trie nos affaires. En moins d'une heure, on fait le tri de 7 ans de relation.
Je vais crever. 

Ch. part, nous laissant seuls pour les derniers détails.
R. est sur le point de me dire quelque chose, se ravise. J'insiste. "Pas maintenant".

"Ce n'est jamais "maintenant" avec toi. Tu n'as plus rien à perdre. Dis ce que tu as à dire".

Il reste silencieux. Et ça me brise en mille morceaux. Même s'il me quitte, il ne daigne pas me parler.

Je lui dis que je serai là demain, pour superviser le déménagement. SON déménagement. Moi, je ne pars plus, forcément. 

Devant le portail, je lui demande s'il a eu son permis de conduire, qu'il devait passer la veille.
Il me répond que non. C'est la 2e fois qu'il le rate.
Je ne peux m'empêcher de sourire. C'est mesquin, c'est petit, mais je suis heureuse qu'il l'ait loupé, on va appeler ça le karma.


J'ai reçu un audio de R. ce soir. Il finit par pleurer. 

Je devrais être touchée. Je ne l'ai vu pleurer qu'une fois en sept ans.
Je suis apathique. Sa douleur ne m'atteint pas, trop accaparée par la mienne.
Je réponds, à peine. Et je commence à peine à entrevoir ce qui m'attends après ça : c'est-à-dire rien.

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