19 Août 2025
Je me réveille avec la sensation d'avoir la gueule de bois.
J'aurais pu boire la veille, et ceci aurait expliqué cela.
Je me suis couchée tard. J'ai attendu C., tout en observant Kochka, au bord l'agonie.
Je l'ai senti depuis la veille.
Elle est en train de partir.
Tout mouvement, pour elle, semble souffrance. Je ne peux rien faire et je ne sais pas quoi faire.
Je ne cesse d'aller la voir, quand bien même je sais que ça ne réglera rien.
Je dois l'emmener chez le vétérinaire à 09h15.
J'espère encore qu'on me dira qu'en ajustant le traitement, tout ira mieux.
J'espère encore qu'en faisant quelque chose de magique, tout ira mieux.
J'espère juste qu'on me dise que ça va allait.
Au fond, je sais qu'en l'emmenant, je la conduis à la mort.
Je n'ai qu'à la regarder pour me rendre compte que Kochka n'est plus.
Elle n'est plus le chat que j'ai connu, elle souffre, elle s'éteint.
Au fond, je sais que c'est fini.
Je le ressens, plus que je ne le sais.
Mémère est en train de me quitter.
Il ne faut pas si longtemps chez le vétérinaire pour que le verdict tombe : elle se meurt.
Tout se fige autour de moi.
J'ai absolument conscience des sons, des odeurs, de la lumière. Tout m'apparaît d'une clarté écrasante et j'ai la sensation que tout m'oppresse. Il y a trop d'informations qui viennent parasiter celle qui doit retenir toute mon attention : acharnement ou euthanasie ?
Je suis effondrée et j'ai du mal à respirer.
Je comprends ce que le vétérinaire me dit mais ça n'a pas de réalité propre.
Je comprends que l'éventualité de rentrer sans Kochka est plus palpable que jamais.
Je comprends aussi que je n'étais absolument pas prête à lui dire au revoir.
Kochka, c'est 14 ans d'amour et de galères.
Elle m'en a fait voir de toutes les couleurs, m'a fait passer des nuits blanches, m'a fait pleurer de rage et/ou de frustration.
Kochka, c'est de l'amour en barre et un sentiment que je n'avais jamais connu. J'avais dit à mon premier ex et au second qu'ils partiraient avant elle. Et au final, j'ai eu raison.
Je l'ai aimée d'un amour inconditionnel qui ne me permettait pas de penser qu'elle pouvait partir un jour.
14 ans, dit comme ça, c'est pas grand chose.
J'ai eu Kochka, j'avais 18 ans. Je la perds peu après mes 32 ans.
C'est toute ma vie de jeune adulte/adulte que j'ai construit avec elle.
Elle a tout connu. Tous mes appartements à Lyon.
Tous mes amis. Ceux de passage et ceux qui sont restés.
Quand j'allais bien, quand j'allais mal.
Kochka était là.
Quand le vétérinaire m'annonce qu'elle se meurt.. qu'il peut me proposer un traitement "pour voir" mais que le pronostic reste sombre.. je sais déjà que ma décision est prise.
Il est hors de question que Kochka vive en souffrant pour mon bon plaisir.
Au fond, je sais que j'ai déjà pris ma décision, mais je ne l'assume pas.
Je vais choisir de mettre fin à sa vie. Je le fais pour elle, c'est vrai, mais je le fais pour moi aussi.
Je ne supporterai pas de la savoir en souffrance, même si elle est avec moi.
Je demande à sortir le temps de "prendre ma décision".
C. est avec moi. Sur le moment, j'ai presque envie de lui dire de me laisser seule.
Je souffre et j'ai envie de souffrir pleinement. Sans contrainte.
J'avais juste oublié un détail : C. n'est pas R.
Je m'effondre plusieurs fois le temps de faire le tour du quartier et C. me prend dans ses bras.
Il n'essaie pas de me dire que ça va aller. Il me dit même qu'il ne sait pas quoi dire.
Il me dit qu'il essaie de comprendre. Il me laisse pleurer. Et je n'ai pas honte.
On retourne chez le vétérinaire.
J'annonce ma décision.
On me demande si je souhaite rester. Je dis oui.
Elle est endormie. Comme toujours, Kochka lutte contre l'anesthésie. Elle lutte et lutte encore.
Le vétérinaire finit par lui administrer le produit.
Je la caresse. Sur la tête, là où elle adore.
Je caresse aussi son ventre, qui se lève de moins en moins.
Je me baisse et je me mets à la hauteur de ses yeux.
Je la regarde intensément, pour qu'elle sache que je suis là et que je l'aime, et avant même que le vétérinaire me le dise, je la vois partir.
Je le vois. Et je le sens. Je viens de la perdre.
Il n'empêche que lorsque le vétérinaire vérifie son pouls, m'annonce qu'elle "est partie", je craque.
Je pousse un cri rauque qui vient des entrailles et que je ne peux pas retenir.
J'ai mal physiquement de cette perte.
J'ai pensé souffrir quand R. est parti, et c'était le cas.
Mais ce n'était rien par rapport à la perte de Kochka.
Le reste de la journée s'est passé dans un flou étrange où j'ai tout fait pour ne pas penser à elle.
Je pensais à elle constamment, malgré tout.
Quand je rentre chez moi, et que je ne vois que trois chats, ça me fait un coup au coeur.
J'ai l'impression que les autres chachats savent. Qu'ils comprennent.
Le soir, on prend pizzas avec C. et je passe une bonne soirée.
Malgré les messages des proches et amis, je ne pleure pas.
Peut-être ai-je épuisé le quota de larmes pour cette journée.
Une fois couchée, dans le noir, et confortablement installée sur mon oreiller, ça me prend.
Kochka serait venue se blottir contre moi, ou sur moi, j'aurais râlé, et on aurait commencé notre nuit comme ça.
Là, Kochka ne vient pas. Et ça me broie littéralement. Je ressens son absence de façon physique et je me mets à pleurer. B. vient me rejoindre. Je sens son poil tout doux et ses ronrons réconfortants.
Elle ne compensera pas la perte de Kochka, mais je me dis qu'elle sent ma douleur et essaie de la soulager.
Je sens le bras de C. sur ma taille, et me dis que je suis bien entourée.
Je m'endors en pleurant.
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